18.02.2020

Des substances hautement toxiques continueront à polluer les cours d’eau

La nouvelle Ordonnance sur la protection des eaux (OEaux) a été publiée aujourd’hui par le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Si les valeurs limites de substances hautement toxiques ont été revues à la baisse pour les eaux destinées à la boisson, les eaux qui ne sont pas destinées à la consommation pourront continuer à contenir des concentrations de pesticides plus élevées. Cette différenciation entre des eaux plus ou moins protégées est inacceptable. Pro Natura réclame une interdiction pure et simple des substances les plus dangereuses, ainsi qu’une procédure d’autorisation à même d’éliminer leur mise sur le marché.

Pro Natura salue la décision d’abaisser les valeurs limites pour certaines substances présentant une toxicité élevée. Mais il est incompréhensible que, dans les eaux qui ne sont pas utilisées pour la boisson, quelques produits nocifs puissent continuer à être diffusés à des concentrations plus élevées. «Les substances polluantes causent des dommages indépendamment de l’usage qui est fait des eaux chargées en pesticides. On fait fausse route en se demandant où et en quelles quantités on peut tolérer du poison dans l’environnement» s’alarme Michael Casanova, chef de projet Protection des eaux chez Pro Natura.

Interdire les substances hautement toxiques

Pour Pro Natura, ajuster les valeurs limites en fonction du degré de protection des eaux ne résout rien. Toujours selon Michael Casanova, «les pesticides  les plus toxiques devraient tout simplement être interdits. C’est la seule manière d’empêcher que des poisons extrêmement puissants et les molécules issues de leur dégradation ne finissent dans nos cours d’eau et nos nappes phréatiques. Ce n’est souvent qu’après la diffusion de ces substances dans l’environnement que leur nocivité pour la faune, la flore et la santé humaine est remarquée».

Indépendance nécessaire de la procédure d’homologation

Pro Natura plaide pour une modification en profondeur du système d’homologation des pesticides. Les autorisations de mise sur le marché ne doivent plus être délivrées par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), mais par une instance indépendante chargée de veiller à la protection de l’environnement et la santé de la population. Ce mandat constitutionnel doit être mieux respecté lors de l’homologation de pesticides dangereux.
 

Contact: 

Sarah Pearson Perret, secrétaire romande de Pro Natura, @email, tél. 079 688 72 24
 

 

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Une règlementation plus stricte pour les produits très toxiques, mais seulement dans l’eau potable

La révision de l’Ordonnance sur la protection des eaux a donné naissance à de nouvelles valeurs limites différenciées selon les matières actives. La valeur limite générale, fixée à 0,1 microgramme par litre d’eau, a été abaissée pour des substances dont la toxicité est attestée à des doses infimes. C’est le cas de la cyperméthrine, un pesticide hautement toxique utilisé pour la protection du bois, les grandes cultures et le maraîchage. Mais d’autres substances, comme le fongicide cyprodinil, pourront désormais être présentes dans les eaux non potables en concentrations plus élevées. Les valeurs limites pour les substances qui n’ont pas fait l’objet d’une évaluation spécifique sont maintenues à 0,1 microgramme par litre, quelle que soit l’utilisation de l’eau.
 

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