03.05.2019 Politique environnementale

Protection des eaux: Albert Rösti contre la biodiversité

Avec une modification de la Loi sur les forces hydrauliques (LFH), Rösti veut saper la protection des eaux en facilitant le renouvellement des concessions des exploitants de l'énergie hydraulique. La proposition a été adoptée à la majorité aujourd’hui par la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie (CREATE) du Conseil national. Le président de l'association suisse pour l'aménagement des eaux (ASAE) promet ainsi aux exploitants des centrales hydroélectriques un "petit sucre" aux dépens de notre biodiversité gravement menacée.

De nos jours, celui qui détériore un cours d'eau avec une nouvelle centrale hydroélectrique, doit, au moins en partie, corriger par des mesures compensatoires les dommages écologiques provoqués. C'est ce qu'exige depuis 1985 la Loi sur la protection de la nature et du paysage. Jusqu'à présent, les installations plus anciennes ne devaient pas réaliser de telles mesures compensatoires. Celles-ci deviennent obligatoires uniquement dans le cas d'un renouvellement de concession. En pratique, l'ampleur de ces mesures est aujourd'hui évaluée en se basant sur la situation initiale du site avant travaux.

Des rivières détruites comme référence

La modification de la LFH se base sur l'initiative parlementaire d'Albert Rösti intitulée: «Développement de la production d'électricité d'origine hydraulique. Revoir la situation de référence des études d'impact», veut bouleverser ce principe. Dorénavant, ce serait l'état actuel d'un cours d'eau déjà exploité qui servirait de référence lors du renouvellement des concessions des centrales hydroélectriques. Autrement dit: un cours d'eau dont l'état est lourdement dégradé et modifié par une centrale hydroélectrique existante serait requalifié comme étant dans un «état naturel».

Ainsi, les cours d'eau dévastés serviraient de référence avant de nouvelles interventions catastrophiques. De ce fait, les rivières resteraient dans un état aussi déplorable qu’auparavant et les mesures pour l'assainissement des dommages existants seraient économisées. Cet absurde changement de paradigme aurait des conséquences désastreuses pour la biodiversité. Les lourdes dégradations existantes sur de nombreux cours d'eau seraient reconduites durant des décennies. La Suisse ne peut tout simplement pas se le permettre. Par exemple, selon les chiffres officiels, 60 pourcentages de toutes les espèces piscicoles de Suisse sont déjà aujourd'hui menacées d'extinction.

La préservation du climat pour Rösti? C'est à la carte!

Comme président de l'UDC et du groupe d'intérêt Swissoil, il ne fait aucun doute qu'Albert Rösti ne participe pas aux manifestations pour le climat. Le récent naufrage au Parlement de la révision de la Loi sur le CO2 porte aussi sa signature, tout comme la qualification méprisante «d'effet de mode» au sujet du débat sociétal sur la protection du climat. Il en va tout autrement dès qu'Albert Rösti revêt sa casquette de l'ASAE.

Le bilan climatique avantageux de la force hydraulique figure en tête de son argumentation visant à réduire la protection de la nature et à augmenter les subventions. Les organisations environnementales appellent le Conseil fédéral et les deux conseils de l’Assemblée fédérale à ne pas entrer dans ce jeu sordide de politiques climatiques et environnementales sectorielles et «à la carte», en fonction des intérêts du lobby concerné. La protection du climat, la politique énergétique et la conservation de la biodiversité vont de pair et ne doivent pas être mises en concurrence.

Informations complémentaires

  • Antonia Eisenhut, Directrice Aqua Viva,  Tel. 076 477 96 03, @email
  • Michael Casanova, Chargé de projet protection des eaux et politique énergétique, Pro Natura,  Tel. 061 317 92 29, @email
  • Philipp Sicher, Directeur Fédération Suisse de Pêche, Tel. 079 218 59 21, @email
  • Pierrette Rey, porte-parole pour la suisse romande, WWF Suisse,  Tel. 021 966 73 75, @email