15.03.2018 Cours d'eau

Pro Natura s'oppose à l'augmentation des valeurs limites pour les pesticides

De nombreux cours d'eau suisses sont fortement pollués par des pesticides. Cela n'empêche pas le Conseil fédéral, dans sa révision de l'Ordonnance sur la protection des eaux, d'augmenter considérablement certaines valeurs limites pour les résidus de pesticides dans les eaux de surface. Il met ainsi en péril l'amélioration nécessaire de la qualité des eaux en Suisse.

L'eau claire de nos ruisseaux et de nos rivières cache souvent un cocktail de poisons. En 2017, l'Institut fédéral pour l'aménagement, l'épuration et la protection des eaux (EAWAG) a trouvé des résidus de 128 pesticides différents dans cinq petits cours d'eau. Dans 80 pour cent des échantillons, la limite actuelle de 0,1 microgramme par litre et par substance a été dépassée. "C'est préoccupant et même inacceptable pour Pro Natura", déclare Michael Casanova, chef de projet Protection des eaux et politique énergétique. Au lieu de s'attaquer à ces résultats inquiétants avec des mesures efficaces, le Conseil fédéral a adopté un plan d'action timide en septembre 2017. Ce plan prévoit que seulement la moitié des exigences légales existantes en matière de qualité de l'eau seront satisfaites d'ici 2027. De plus, le plan d'action ne prévoit ni la protection explicite de l'eau potable ni l'interdiction des pesticides les plus toxiques. 

Les valeurs limites pour la pollution des eaux de surface par les pesticides doivent maintenant être ajustées. Chaque matière active est évaluée individuellement en fonction de sa toxicité et de son effet. Les nouvelles valeurs découlent de ces analyses. "Cette approche n'est pas fausse en soi", relève Michael Casanova, "mais elle ne tient pas compte du principe de précaution et du problème de l'effet des mélanges de substances". Selon le projet du Conseil fédéral, la valeur limite des substances individuelles telles que le bentazone ou le glyphosate doit être multipliée par 4 700 ou 3 600 fois par rapport à la valeur actuelle de 0,1 microgramme par litre (nouvelles limites: 470 et 360 microgrammes par litre). Aucune valeur limite n'est en revanche prévue pour la contamination globale des cours d'eau. "C'est un signal totalement faux que d'accepter des niveaux aussi élevés de toxiques dans nos cours d'eau. Ces derniers sont des habitats précieux et, en fin de compte, la base de notre approvisionnement en eau potable. Le Conseil fédéral doit retravailler ces points", affirme Michael Casanova.

Dans sa réponse à la consultation, Pro Natura demande donc l'introduction d'une valeur limite cumulative pour la charge totale de pesticides. De même, la valeur limite générique de 0,1 microgramme par litre doit être maintenue conformément au principe de précaution et seuls des ajustements à la baisse des valeurs limites pour les substances individuelles doivent être effectués. En outre, les toxines les plus puissantes, qui ont déjà un effet toxique avéré sur les organismes aquatiques à une fraction de 0,1 microgramme par litre, doivent être interdites. 

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