Pour une agriculture écologique sans OGM
Notre agriculture n'est pas écologique. Elle utilise trop de tout: trop d'engrais, trop de pesticides, trop d’aliments concentrés importés, trop de machines agricoles lourdes. Des pesticides sont pulvérisés pour lutter contre les plantes et les animaux indésirables, polluant les organismes vivant dans le sol, les plans d'eau et également notre eau potable. La pluie et l'air apportent des gaz nocifs tels que l'ammoniac dans les forêts et les marais, occasionnant des dommages permanents aux milieux naturels.
Les animaux d’élevage posent des problèmes urgents. Là aussi le trop domine: trop de cheptels sur le Plateau et dans les Préalpes, trop de vaches, trop de porcs et trop de volailles impactent l'environnement et notre climat. La performance écologique de l'agriculture suisse est insuffisante! Et ceci malgré une protection douanière élevée et les milliards de subventions de la Confédération.
Pro Natura est membre de l'Alliance agraire et s'y engage aux côtés de nombreuses autres associations, en faveur d’une agriculture écologique.
Votation populaire contre l'élevage intensif
Une initiative populaire fédérale déposée en 2018, «Non à l'élevage intensif en Suisse», veut abolir l’élevage intensif. Les débats de ces prochains mois vont tenir en haleine non seulement les mondes politiques et agricoles, mais également l'électorat. L'initiative exige que la Confédération protège la dignité des animaux d’élevage, dignité qui inclut le droit de ne pas faire l'objet d'un élevage intensif. La Confédération doit ainsi fixer les critères qui garantissent un hébergement et des soins respectueux, l'accès à l'air libre, ainsi que des règles claires quant à l'abattage et la taille maximale des troupeaux par étable. Cela permettra également de maitriser l’énorme pollution générée par les animaux de rente.
Pro Natura s’implique de longue date dans la problématique de l'élevage intensif. Celui-ci engendre une surfertilisation des sols par l'azote. Deux webinaires nous ont donné l’occasion de traiter en profondeur les questions relatives à l'initiative et au nombre trop élevé d'animaux. Des expert·e·s ont débattu de la thématique et Pro Natura a esquissé une proposition de solution, actuellement en phase de concrétisation en interne.
Nos critiques ne sont pas dirigées contre les agricultrices et agriculteurs qui produisent de manière respectueuse de la nature. Nous critiquons par contre fortement le lobby agricole qui entrave tout progrès écologique depuis 20 ans. Un autre problème concerne la mise en œuvre de la législation environnementale encore lacunaire dans de nombreux cantons. Bien que les lois environnementales aient été renforcées, les cantons ne veillent pas à leur application.
Trop d'animaux de rente, pas assez de biodiversité
Les problèmes écologiques causés par l'agriculture suisse ne sont pas nouveaux. Ils sont même connus de longue date, mais malheureusement loin d’être résolus. Les améliorations concrètes mesurées au cours des années 1990, se sont transformées en statu quo dans les années 2000 en matière de biodiversité, de surfertilisation, de pollution des eaux et du sol.
Le Conseil fédéral lui-même craint l’augmentation de la pression de l’agriculture sur les écosystèmes. Il se montre critique envers celle-ci et exige un engagement plus conséquent afin de réduire la pollution de l'environnement. Nous partageons ces inquiétudes et exigences. Les cantons de Suisse centrale et orientale qui pratiquent l’élevage intensif sont particulièrement visés.
Surfaces de promotion de la biodiversité
La Suisse héberge 50'000 espèces animales et végétales. Or, depuis des décennies, de nombreuses espèces disparaissent. Aujourd'hui, au moins 40% des espèces animales présentes en Suisse sont en danger. Les espèces les plus menacées sont celles qui dépendent des milieux de vie tels que les prairies et pâturages maigres, les zones alluviales et les marais.
Diverses exploitations agricoles entretiennent des surfaces de promotion de la biodiversité (SPB), des habitats précieux pour la faune et la flore sauvages. Bien placées et entretenues de manière adéquate, les SPB peuvent contribuer à un écosystème varié. Leurs fonctions principales sont:
- augmenter la diversité des espèces;
- purifier l’eau potable;
- préserver la fertilité du sol.
Les efforts réalisés jusqu’ici ne suffisent malheureusement pas pour conserver la biodiversité dans le paysage cultivé. C’est pourquoi nous nous engageons pour une mise en œuvre cohérente des objectifs environnementaux dans l’agriculture.
Pro Natura est membre de la plateforme Biodiversité et agriculture, coordonnée par l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) et l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
Génie génétique – de vaines promesses
Depuis des milliers d’années, les agricultrices et agriculteurs sélectionnent des variétés adaptées à leur région, se conformant aux limites fixées par la nature. Avec le génie génétique, l’être humain peut les transgresser et transmettre les caractéristiques d’une espèce à une autre. La technologie génétique se révèle néanmoins problématique. Elle amplifie les problèmes écologiques et la monopolisation du marché des semences.
L'utilisation commerciale de nouvelles techniques de génie génétique dans la sélection de plantes et d'animaux fait actuellement l’objet de débats animés. ZFN, TALEN ou CRISPR/Cas9: dans ces diverses techniques, il est fait recours à des ciseaux moléculaires ou à des interventions directes dans la régulation des gènes. Pro Natura demande que ces nouvelles techniques de génie génétique soient réglementées par la Loi sur le génie génétique.
Nous nous engageons pour une agriculture suisse sans génie génétique. Pro Natura est l’organisation faîtière de l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique.
Arbres fruitiers hautes-tiges
Les arbres fruitiers hautes-tiges sont caractéristiques des paysages suisses. Ils offrent de précieux milieux naturels.
- Les arbres fruitiers hautes-tiges et les vergers sont un bien culturel. Les arbres égaient le paysage par leurs floraisons printanières, leurs fruits et leurs couleurs automnales.
- Les vergers d’arbres hautes-tiges offrent des milieux précieux et très diversifiés. Les grands vergers sont particulièrement riches en espèces animales. Ils hébergent près de 50 espèces d’oiseaux nicheurs, dont des espèces rares telles que la pie-grièche à tête rousse ou le torcol fourmilier.
- Les arbres morts accueillent les abeilles sauvages, guêpes, coléoptères et autres insectes, ainsi que des oiseaux nicheurs cavernicoles comme le rouge-queue à front blanc.
- Grâce à une exploitation extensive, la richesse florale des prairies profite à de nombreux animaux utiles à l’agriculture comme les coccinelles, les hyménoptères, les chrysopes, les syrphes, les abeilles, les bourdons, les papillons et les fourmis.
Nous nous engageons à préserver les vergers hautes-tiges en Suisse. Pro Natura est membre et co-fondatrice du label Hautes-tiges Suisse.
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