15.02.2021

Il faut une stratégie de développement durable plus mordante

Le projet de Stratégie pour le développement durable 2030 de la Suisse met l’accent sur la biodiversité, le climat et les modes de consommation. Ces priorités sont les bonnes, mais le projet ne va guère plus loin. Pro Natura réclame une stratégie ambitieuse dotée d’objectifs clairs, qui fixe un cadre contraignant pour permettre à la Suisse de mettre en œuvre l’Agenda 2030.

La stratégie pour le développement durable en consultation jusqu’au 18 février pose les bases sur lesquelles la Suisse entend mettre en œuvre l’Agenda 2030 des Nations Unies (encadré). Pro Natura se réjouit que le Conseil fédéral définisse la protection du climat, la conservation de la biodiversité et la consommation comme les principaux domaines dans lesquels une action est requise. «Nous attendions cette stratégie depuis longtemps. Mais le projet ne se donne pas les moyens d’être efficace», regrette Friedrich Wulf, chef de projet Politique et affaires internationales chez Pro Natura.

Pour des objectifs «SMART»

La plupart des objectifs formulés par le Conseil fédéral demeurent trop abstraits. Ils ne sont pas suffisamment mesurables pour atteindre des changements en profondeur d’ici 2030. La stratégie ne dit pas qui est responsable de les atteindre et quelles mesures sont nécessaires. Le projet reste également silencieux sur la manière de concilier des objectifs potentiellement contradictoires. «Comment garantir suffisamment d’espace pour la biodiversité en Suisse, tout en couvrant les besoins en logements de la population? La stratégie se doit de fournir des réponses à ces interrogations», selon Friedrich Wulf.

L’État doit s’investir davantage dans la mise en œuvre

Pro Natura déplore l’absence de gestes forts à même d’enclencher les transformations exigées par l’Agenda 2030. Le projet ne remet pas en question le dogme de la croissance perpétuelle. Il ne se préoccupe pas de promouvoir des modes de production et de consommation alternatifs respectueux des limites de la planète. «La mise en œuvre de l’Agenda 2030 nécessite des actes engagés qu’on cherche en vain dans la stratégie», s’inquiète Friedrich Wulf. «Une stratégie de développement durable doit contribuer à réduire l’empreinte écologique de la Suisse, trois fois trop élevée. Elle doit contraindre l’État à mettre en place un cadre législatif et des mesures incitatives qui favorisent des comportements plus durables. Il ne suffit pas d’en appeler à la responsabilité individuelle.»

Contacts:

Sarah Pearson Perret, secrétaire romande de Pro Natura et membre de la direction, tél. 079 688 72 24, @email

Friedrich Wulf, chef de projet Politique et Affaires internationales chez Pro Natura et délégué des associations de protection de l’environnement au sein du groupe d’accompagnement de la Confédération pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030, tél. 079 216 02 06, 061 317 92 42, @email

Un agenda pour le développement durable à l’échelle du globe
L’Agenda 2030 est l’un des principaux accords internationaux conclus durant la décennie écoulée. Adopté en 2015 par l’ONU, il doit transformer tous les domaines où s’exerce l’action humaine de manière à ce qu’en 2030, le monde soit plus durable et plus équitable. L’Agenda 2030 contient 17 objectifs globaux (objectifs de développement durable, ODD).
La stratégie pour le développement durable de la Suisse doit instaurer cet agenda dans notre pays, de manière à ce que les objectifs y soient atteints d’ici 2030.
Vue d’ensemble de l’Agenda 2030 et des 17 ODD
Texte de l’Agenda 2030