Une nouvelle jachère florale Angela Peter
15.11.2021 Agriculture

Un bail pour la biodiversité – une opportunité pour l’être humain et la nature

Nous nous tenons en bordure d’un champ. À gauche pousse du maïs, à droite s’étend un champ labouré. Entre les deux, une large bande de terre à la végétation clairsemée. Pour un œil non averti, cela ressemble à une terre agricole non exploitée mais il s’agit en réalité de la nouvelle jachère florale aménagée par Tobias Angliker.

«Cela a quand même été un coup dur pour mon père», rapporte Tobias Angliker. Tobias n’a repris la ferme Ziegelhof qu’en 2021 et la gère encore avec son père pendant une phase de transition. Un coup dur? Tobias Angliker fait référence au souhait des propriétaires de voir les terres louées être dorénavant exploitées davantage au profit de la biodiversité.

Les Angliker exploitent en Argovie une ferme équestre avec des cultures arables et quelques vaches allaitantes en agriculture conventionnelle. Depuis 30 ans, ils louent un peu moins de 4 hectares de terrain, qui sont gérés par la communauté des héritiers de Walter Nyffenegger depuis 2021. Défenseurs passionnés de la nature, les membres de la communauté d’héritiers ont saisi cette opportunité d’influer sur l’exploitation des terres et de contribuer à la promotion de la biodiversité. Leur intention initiale était de créer des haies sauvages avec des arbustes indigènes.

Une solution durable pour toutes les parties prenantes

Mais il n’est pas aisé de s’y retrouver dans la jungle des baux à ferme agricoles. C’est là qu’intervient le projet «Un bail pour la biodiversité» de Pro Natura. Pro Natura soutient les aspirations des propriétaires tout en cherchant à mettre sur pied des solutions ciblées à même de satisfaire les locataires, grâce aux conseils de professionnels. C’est pour cette raison que Pro Natura travaille avec des cabinets de conseil externes et qu’elle prend en charge le coût de ces consultations. Bea Vonlanthen, consultante chez Agrofutura AG, est fortement impliquée dans la mise en œuvre du projet. Elle estime également que «seules les solutions qui conviennent à toutes les parties prenantes sont durables et efficaces». Par toutes les parties prenantes, elle entend les locataires, les propriétaires et la nature.

Vole, alouette, vole!

Lors de la première inspection des surfaces louées, il est rapidement apparu que les haies n’étaient pas l’instrument idéal pour y promouvoir la biodiversité. En effet, des alouettes des champs sont installées dans ce secteur. Ces oiseaux nichant au sol, devenus très rares, préfèrent nidifier dans des espaces ouverts offrant une bonne visibilité et la présence de haies constitue plutôt une gêne pour eux. En revanche, les jachères florales et les petites structures, combinées à l’absence de pesticides, sont importantes pour les alouettes. Bea Vonlanthen a donc proposé, entre autres, les mesures suivantes pour les terres louées par la communauté des héritiers:

À partir de 2022, un peu moins de 25 % des parcelles louées seront déclarées en jachère florale ou tournante et exploitées en conséquence.

Dans la mesure du possible, les cultures arables doivent être gérées sans pesticides (fongicides, herbicides et insecticides). Ce qui signifie pour les différentes cultures:

  • Pour la culture des céréales, du maïs et du colza, il faut renoncer totalement à l’utilisation de produits phytosanitaires.
  • Les produits phytosanitaires peuvent être utilisés dans la culture de la betterave sucrière. L’évolution vers une réduction des produits phytosanitaires pour la culture de la betterave sucrière doit être observée. Les premières solutions qui se dessinent doivent être appliquées sur les parcelles.
Beratungssituation auf dem Feld Angela Peter
Beraterin Bea Vonlanthen bespricht gemeinsam mit dem Pächter Tobias Angliker und der Vertreterin der Erbengemeinschaft Edith Tribelhorn mögliche Massnahmen zur Förderung der Biodiversität.
Buntbrache
Un bail pour la biodiversité
45 % des terres cultivées en Suisse sont louées. Avec le projet «Un bail pour la biodiversité», Pro Natura encourage une promotion de la biodiversité adaptée au site avec la participation des locataires et prend en charge les frais de conseil.

«J’acquiers de nouvelles connaissances.»

Les mesures proposées par la communauté d’héritiers ont surpris les Angliker. Ils ont néanmoins apprécié le fait d’avoir été rapidement impliqués dans le projet et dans les échanges. Tobias Angliker, qui dirige l’exploitation, estime que ce type d’exigences deviendra de toute façon la norme tôt ou tard et qu’on a donc intérêt à prendre les devants. Mais au cours de sa formation, ces sujets n’avaient pas été abordés dans le détail. «Maintenant, je me documente sur de nouvelles techniques et j’acquiers de nouvelles connaissances.» Tobias Angliker est déjà impatient de voir ce que donnera la première saison de colza avec un sous-semis. Le sous-semis est utilisé pour supprimer les plantes indésirables de manière naturelle. Cela rend l’utilisation d’herbicides superflue.

Mais la culture du colza sans pesticides reste très exigeante. Les propriétaires en tiennent compte. Si les Angliker devaient subir des pertes de rendement importantes l’année suivante, la communauté d’héritiers proposerait un arrangement pour le loyer des surfaces concernées.

Promotion, mesures et approche ciblées

La bonne compréhension mutuelle est favorisée par une inspection conjointe des champs, au cours de laquelle locataires et propriétaires évaluent, avec la conseillère, l’évolution des mesures mises en œuvre. Un bon départ a été pris, assure Tobias Angliker: «Mon père, qui était sceptique au début, cherche déjà de nouveaux sites de nidification pour les abeilles sauvages». Ces efforts ne sont pas vains car les insectes ont déjà remarqué que quelque chose est en train de changer dans les champs. En regardant de plus près la jachère florale, même l’œil non averti voit plus que de la terre et un peu de verdure. Le premier coquelicot aux pétales délicats reçoit déjà la visite d’un syrphe.

Mohnblume mit Schwebefliege auf Buntrache Angela Peter
Le premier coquelicot aux pétales délicats reçoit déjà la visite d’un syrphe.
Un bail pour la biodiversité - interviews

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