Loup courant dans la forêt Nataliia Melnychuk / iStock
30.01.2024 Loup, lynx, ours

Des méthodes expéditives inadéquates

Le délai fixé pour l’abattage préventif de loups expire demain. Encouragés par une ordonnance sur la chasse qui contredit la loi sur des points essentiels, les tirs auront tué environ 50 loups et anéanti au moins deux meutes. Un équilibre a été rompu, car une régulation expéditive des loups a été privilégiée, plutôt que la protection des troupeaux. Il est dans l’intérêt de tous les acteurs que l’Office fédéral de l’environnement revienne à une approche de travail appropriée.

Avec ses valeurs seuils arbitraires autorisant l’élimination de meutes entières sur de larges portions de territoire, l’ordonnance sur la chasse adoptée à la hussarde n’aura été en vigueur que pour une durée limitée. Mais elle a déjà de sérieuses conséquences. Le loup, espèce protégée par la loi, a été rétrogradé au rang de nuisible. Des meutes n’ayant pratiquement jamais causé de dommages ont été choisies pour être décimées, voire éliminées. Bilan au terme des deux mois qu’aura duré la première campagne de régulation proactive de loups: environ 50 individus abattus et au moins deux meutes anéanties.

Les faits: les attaques diminuent grâce à la protection des troupeaux

La protection des troupeaux est efficace, comme le prouve le bilan des attaques jusqu’à fin 2023. Celles-ci ont diminué de presque 50% dans les Grisons, et d’environ 80% dans le canton de Glaris (voir chiffres en annexe). Les 23 loups grisons qui faisaient l’objet d’une décision d’abattage n’avaient tué en tout que 5 moutons. Seuls 7 des 39 animaux victimes du loup dans le Nanztal étaient protégés, bien que cette protection ait été jugée raisonnablement exigible. En représailles, tous les cinq individus de la meute du Nanztal auraient dû être abattus. De telles mesures sont absolument disproportionnées. Raison pour laquelle les organisations de protection de la nature ont demandé à la justice d’examiner les cas contrevenant le plus manifestement à la loi. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 80% des attaques se produisent sur des troupeaux non protégés et 80% des morts d’animaux pendant la période d’estivage ne sont pas dus au loup.

Solution: une nouvelle ordonnance sur la chasse appliquée avec mesure 

Ces faits positifs contrastent fortement avec les dérives de la chasse au loup hivernale qui s'achève: des politiciens qui partent en campagne contre une espèce protégée pour se profiler, des loups piégés au moyen d’appâts, des tirs depuis des voitures ou à l’aide d’appareils de vision nocturne, l’abattage accidentel d’un chien de protection. Il est également absurde que la Confédération provoque au même moment des incertitudes chez tous les acteurs, sur le financement du programme national pour les chiens de protection. Il a pourtant fait ses preuves. Un patchwork de solutions cantonales désavantageux pour les éleveurs se crée. 

La régulation préventive doit servir à diminuer des dommages significatifs que le loup est susceptible de causer aux troupeaux. Ce point n’est pas contesté et il est inscrit dans la Loi sur la chasse et la protection des mammifères et des oiseaux sauvages (LChP). Cette même loi commande aussi le respect du principe de proportionnalité. Elle reconnaît le rôle du loup dans l’écosystème forestier et la nécessité de renforcer la protection des troupeaux. Il existe dans la plupart des cantons une volonté et des compétences professionnelles pour un travail équilibré. Il est temps que l’Office fédéral de l’environnement ouvre une consultation en bonne et due forme sur une ordonnance sur la chasse basée sur les faits. Elle doit de plus être compatible avec les engagements nationaux et internationaux envers la protection des espèces et proposer des solutions de gestion du loup bénéficiant d’un large soutien.  

Informations complémentaires: 

Contacts:

  • BirdLife Suisse: François Turrian, directeur romand, tél. 079 318 77 75, [email protected] 
  • Groupe Loup Suisse: Isabelle Germanier, responsable romande, tél. 079 652 28 49, @email 
  • Pro Natura: Nicolas Wüthrich, responsable de l’information, tél. 079 212 52 54, @email    
  • WWF Suisse: Pierrette Rey, porte-parole, tél. 021 966 73 75, @email

Informations complémentaires

Info

Communiqué commun de WWF Suisse, BirdLife Suisse, Groupe Loup Suisse et Pro Natura