Chouette hulotte, Morges VD Samuel Nugues
21.05.2024 Protection des espèces

«J’apprécie l’interaction avec la faune sauvage»

Martine Rhyn travaille depuis cinq ans comme bénévole au Centre ornithologique de réadaptation de Genthod (GE), une structure qui prend soin des rapaces blessés, malades ou tombés du nid.

Martine Rhyn Tania Araman
Magazine Pro Natura: qu’est-ce qui vous a amenée à vous engager pour les oiseaux sauvages ?

Martine Rhyn: j’ai pris ma retraite assez tôt et j’avais envie de me rendre utile. Tant qu’on a la santé, cela me paraît essentiel. Et la nature a toujours fait partie de ma vie: j’ai notamment travaillé comme laborantine à Agroscope, dans l’équipe d’entomologie, je m’occupais de l’élevage d’insectes. Quant à l’ornithologie, ça m’a toujours intéressée. Le choix de Genthod me semblait naturel.

Et vous avez embrigadé votre mari dans l’aventure…

Oui, lui aussi aime être au contact de la nature. Et c’est agréable de partager une activité en couple. Sans compter que ça nous maintient en forme physiquement. Aujourd’hui, nous faisons partie des plus anciens bénévoles et nous travaillons au centre trois jours par semaine. On s’est pris au jeu et on ne s’en lasse pas !

Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans votre travail à Genthod?

J’apprécie beaucoup l’interaction avec la faune sauvage et je suis contente de pouvoir agir pour elle, à mon niveau. C’est toujours un sentiment très particulier de s’occuper d’oisillons, par exemple. Aussi, on en apprend toujours davantage sur les différentes espèces. Et le contact avec les autres bénévoles, qui viennent d’horizons très différents, est aussi enrichissant. Mais attention, il ne faut pas idéaliser le travail non plus.

Oiseau de proie Susi Schlatter
Y a-t-il des tâches plus rébarbatives ?

Pendant l’hiver, on reçoit moins de nouveaux oiseaux. On passe beaucoup de temps à nettoyer les nichoirs, ranger le matériel, etc. Ce qui peut d’ailleurs être aussi très satisfaisant: j’aime bien réfléchir à la meilleure manière d’aménager une volière.

Racontez-nous l’un de vos souvenirs les plus marquants au centre?

Il y en a tellement! Je me souviens par exemple de la première chouette que j’ai tenue entre mes mains, peu de temps après mes débuts ici. À l’époque, on pouvait parrainer les oiseaux et mon mari et moi avions baptisé celui-ci Charlotte. Nous avons eu le plaisir de la relâcher dans les bois de Jussy, ça aussi c’était une première pour nous. Malheureusement, l’histoire s’est mal terminée…

Comment cela?

Quinze jours après le lâcher, on nous a ramené Charlotte, elle s’était prise dans des fils barbelés. Nous avons dû l’euthanasier. Il faut savoir que la plupart des oiseaux qui arrivent au centre ont été blessés à cause de l’humain, essentiellement par des voitures ou des baies vitrées. D’autres ont été empoisonnés par des produits phytosanitaires. Nous avons quand même la satisfaction de pouvoir en sauver la majorité. L’an dernier, environ 60% de nos rapaces ont été relâchés.

Assurez-vous ensuite un suivi?

Non, aujourd’hui, les oiseaux dont nous nous occupons ne sont plus bagués. C’est un peu frustrant de les envoyer dans l’inconnu. On peut juste espérer que tout se passe bien pour eux!

TANIA ARAMAN, rédactrice pour le magazine Pro Natura.

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Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.

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