Palmiers à huile Bertrand Sannsones
21.01.2021

Pro Natura recommande le rejet de l’accord de libre-échange avec l’Indonésie

Non à un accord commercial qui encourage les atteintes à l’environnement sous couvert de pseudo-durabilité. 

Après l’échec malheureux de l’initiative «Multinationales responsables», nous sommes à nouveau appelés aux urnes le 7 mars prochain pour nous prononcer sur un sujet économique: l’accord de libre-échange (ALE) conclu par nos autorités avec le gouvernement indonésien.

Les ravages provoqués en Indonésie par l’extension effrénée des plantations en monoculture, en particulier pour la production d’huile de palme, sont bien connus: déforestation massive, destruction dramatique de la biodiversité, émissions de quantités gigantesques de gaz à effet de serre.

Grâce à la mobilisation de nombreuses organisations, dont Pro Natura, l’accord n’autorise pas une importation sans limite de l’huile incriminée. Les négociateurs ont en effet introduit des conditions qui visent surtout à limiter les quotas détaxés et à ne pas menacer la production d’huiles végétales suisses. Il est cependant à prévoir que les importations en Suisse d’huile indonésienne, actuellement minimes, vont massivement augmenter.

Un outil de «greenwashing» à grande échelle

Les critères de durabilité promis au niveau de la production d’huile de palme ne sont en revanche pas à la hauteur. Ils s’appuieront sur les normes de la très contestée RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), souvent critiquée comme un outil de «greenwashing» à grande échelle. En plus de 15 ans d’existence, ce label n’a jamais réussi à empêcher la destruction des forêts tropicales. Les principaux problèmes résident dans la mise en œuvre et surtout dans les mécanismes de contrôle et de sanction. Les certificats délivrés aux importateurs, seuls outils de contrôle prévu par l’ordonnance fédérale qui accompagne l’accord, ne garantiront pas la durabilité de l’huile.

Notre organisation-sœur WALHI/Amis de la Terre Indonésie est claire: l’accord n’apporte aucune base solide pour se diriger vers l’agroécologie et les conditions d’une production alimentaire soutenable dont le pays a besoin. Au contraire, il renforcera la puissance des multinationales et pénalisera les petits agriculteurs, qui n’auront par exemple plus accès à la diversité de semences indigènes.

La surconsommation est responsable de la destruction des écosystemes

En outre, après que l'ALE a été signé, la situation des droits de l'homme et de l'environnement en Indonésie s'est encore détériorée. En vue d'attirer les investisseurs, le parlement indonésien a adopté en octobre 2020 une loi, dite Omnibus, qui sape massivement les acquis du droit actuel en matière d’environnement et de protection des communautés autochtones et des travailleurs. C’est donc dans une direction totalement opposée à celle de la durabilité que le gouvernement indonésien a choisi de se diriger.

Les accords de libre-échange que la Suisse cherche de plus en plus à conclure constituent en soi un problème: leur but affiché de doper la croissance économique va à l’encontre de la nécessité de s’attaquer à la surconsommation, principale responsable de la destruction des écosystèmes et du climat. L’accord qui nous est soumis en référendum relève d’une logique productiviste de commerce mondialisé, qui n’est plus de mise à l’heure de l’urgence écologique que nous vivons au niveau planétaire. Sur décision de son Conseil des Délégués, Pro Natura recommande de voter NON à l’accord de libre-échange avec l’Indonésie.