Alpen Waadt
14.08.2025 Alpes

Aux petits soins des chalets d’alpage

Afin d’offrir les meilleures conditions possibles aux agriculteurs de montagne et de garantir une exploitation durable des pâturages, Pro Natura Vaud entreprend régulièrement des travaux d’entretien et de mise aux normes sur les onze chalets d’alpage qu’elle possède dans les réserves de La Pierreuse, du Vanil Noir et des Diablerets.

Destination du jour: le Gros Jable. Un chalet d’alpage situé dans le vallon de La Torneresse, en plein cœur du Pays-d’Enhaut, dont le propriétaire n’est autre que la section vaudoise de Pro Natura. «Durant les années 1970, alors que le tourisme connaissait un grand essor en Suisse, l’association a jugé nécessaire de préserver la riche biodiversité des milieux montagnards en acquérant plusieurs alpages», explique Kelly Delavy, responsable des réserves naturelles de la section.

L’idée n’était pas de mettre la nature sous cloche, mais de perpétuer le rôle ancestral de l’agriculture de montagne, en conservant des milieux ouverts précieux pour de nombreuses espèces animales et végétales. «Sans pâture, la forêt reprendrait vite le dessus. C’est pourquoi nous veillons au maintien d’une agriculture traditionnelle, qui soit la plus durable possible.»

Kelly Delavy nous emmène à la rencontre de l’agriculteur Nicolas Henchoz qui, depuis douze ans, passe ses étés au Jable, avec ses quelque 50 vaches et 70 génisses. Pour le rejoindre, nous empruntons un petit téléphérique destiné avant tout au transport du matériel et des exploitants. L’occasion d’admirer de haut la réserve naturelle de La Pierreuse, entre sommets verdoyants, pâturages et forêts de sapins et d’épicéas. Kelly Delavy précise: «Aucun de nos chalets d’alpage ne se situe au-dessus de la limite des forêts: ces zones étant déjà dégagées, cela n’aurait aucun sens pour la biodiversité.»

Après une quinzaine de minutes, nous arrivons à destination. Les vaches sont encore à l’étable. Seul signe de vie: la fumée qui s’échappe de la cheminée. À l’intérieur, Nicolas Henchoz est en pleine fabrication d’Étivaz, dans une grande cuve chauffée au feu de bois. «C’est l’un des critères pour obtenir le label AOP (Appellation d’origine protégée)», relève-t-il. Si cette exigence date de la création de la Coopérative des producteurs d’Étivaz AOP en 1935, d’autres normes ont aussi été établies ces dernières années, concernant notamment l’hygiène. «Et c’est là que Pro Natura Vaud, propriétaire, entre en jeu», souligne Kelly Delavy. «Nous finançons les travaux nécessaires, comme la réfection des sols de la pièce où est fabriqué le fromage, ou encore la construction d’une fumière derrière la ferme, obligatoire désormais sur tous les alpages.»

Kuh Alp Waadt Tania Araman
En été, 50 vaches et 70 bovins paissent au Jable. Sans pâturage, les terres seraient rapidement envahies par la forêt.

C’est sur cette grande dalle de béton rehaussée de murets sur trois des quatre côtés que sont stockés les excréments des vaches durant quelques semaines. «Le liquide s’écoule dans la fosse, et nous épandons le reste sur le pâturage, en suivant un plan précis qui nous évite au maximum de péjorer la flore», explique Nicolas Henchoz. Une mesure chère aux yeux de Pro Natura Vaud, qui finance aussi les aménagements favorisant une agriculture extensive, tels que la création d’étangs ou la fabrication de murs en pierres sèches. Au Gros Jable, l’agriculteur a installé en 2016 déjà des panneaux solaires qui rendent le chalet autonome. «Seul le système de traite des vaches est alimenté par une génératrice.»

Fromagerie alps vaudoise Tania Araman
Depuis douze ans, l’agriculteur Nicolas Henchoz fabrique de l’Étivaz au Gros Jable, un chalet d’alpage qui appartient à Pro Natura Vaud.

Pour des chalets plus confortables

Prochains travaux à mettre en œuvre, la réfection du toit en tavillons. Nicolas Henchoz en profitera pour ajouter une chambre de plus à l’étage du chalet, qui pourra ainsi accueillir plus confortablement, de début juin à mi-août, sa femme et leurs trois jeunes enfants. «Les temps ont changé», souligne Kelly Delavy. «Avant, les agriculteurs montaient seuls à l’alpage, le confort était sommaire, il n’y avait ni eau ni électricité et parfois seulement un lit de paille. Aujourd’hui, ils souhaitent souvent être accompagnés de leur famille. Si nous voulons garder nos agriculteurs de montagne, nous devons améliorer leurs conditions de travail.»

Miststock Alp Waadt Tania Araman
Une fumière a été construite à l’arrière de la ferme afin d’assurer une meilleure gestion des excréments des vaches et de leur épandage.

Prochains travaux à mettre en œuvre, la réfection du toit en tavillons. Nicolas Henchoz en profitera pour ajouter une chambre de plus à l’étage du chalet, qui pourra ainsi accueillir plus confortablement, de début juin à mi-août, sa femme et leurs trois jeunes enfants. «Les temps ont changé», souligne Kelly Delavy. «Avant, les agriculteurs montaient seuls à l’alpage, le confort était sommaire, il n’y avait ni eau ni électricité et parfois seulement un lit de paille. Aujourd’hui, ils souhaitent souvent être accompagnés de leur famille. Si nous voulons garder nos agriculteurs de montagne, nous devons améliorer leurs conditions de travail.»

Le coût total des rénovations et d’entretien réalisés au Gros Jable depuis 2022 se monte à 90 000 francs. Pour financer ces travaux, ainsi que ceux nécessaires sur l’ensemble des onze chalets que possède Pro Natura Vaud (six pour la fabrication du fromage, deux pour la traite et trois comme logements et espaces de stockage), la section peut compter sur des subventions du Canton et du Fonds suisse pour le paysage. Elle a aussi lancé une recherche de fonds, afin d’obtenir un budget fixe sur plusieurs années.

À l’heure où nous quittons l’alpage, les vaches paissent et les camarades de classe d’un des enfants de Nicolas Henchoz se familiarisent avec la fabrication du fromage. Nous réembarquons à bord du petit téléphérique – dont les frais d’entretien sont également assurés par Pro Natura Vaud – et entamons notre descente. Un trajet que Kelly Delavy effectue régulièrement durant l’été, de même que vers les autres alpages de la section, afin de s’assurer que tout se passe au mieux. «Quand nous avons acheté les chalets, la population craignait que nous les laissions à l’abandon. Ils ont pu constater que n’était pas le cas. C’est aussi une façon de montrer que nous ne sommes pas systématiquement opposés aux agriculteurs.»

TANIA ARAMAN, rédactrice pour le Magazine Pro Natura.

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Cet article a été publié dans le Magazine Pro Natura.

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