Les forêts humides favorisent la biodiversité et résistent au changement climatique
La conférence «Restauration des forêts – Potentiels et besoins d’action»
La rencontre a réuni les mondes de la conservation et de la gestion forestière autour d’un objectif commun: restaurer des forêts afin d’augmenter leur résilience face au déclin de la biodiversité et au changement climatique. Des spécialistes suisses et étrangers, provenant d’instituts de recherche, de gouvernements, de hautes écoles et du terrain ont contribué aux réflexions. Parmi les pistes explorées, les forêts humides sont ressorties comme une réponse de choix à ces défis.
Environ 95% de la surface des forêts humides (forêts alluviales, marécageuses, de tourbière, etc.) a disparu en Suisse en deux siècles, sous l’effet des défrichements, des drainages, ainsi que de la rectification des cours d'eau et de la perte de zones alluviales qui en a résulté, a rappelé Karen Bussmann-Charran, responsable du domaine d’expertise Biodiversité aquatique au Centre de Synthèse sur la biodiversité. Or ces milieux présentent d’innombrables atouts: promotion de la biodiversité, résilience à la sécheresse, rétention d’eau, protection contre les crues ou encore stockage du carbone.
Essences d’arbres supplémentaires
La remise en eau dans des zones adaptées permet de maintenir la forêt en place malgré le changement climatique, a complété Thomas Wohlgemuth, écologue à l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL. Elle permet l’installation d’essences d'arbres supplémentaires, qui abritent parfois davantage d'espèces d'insectes que les précédentes. Un levier important, alors qu’une étude menée en Allemagne a montré une diminution de la biomasse et du nombre d’espèces d’insectes en forêt respectivement de 41% et 36% entre 2008 et 2017, comme l’a relevé Jakob Pöllath, représentant de l’Office allemand de protection de la nature (Bundesamt für Naturschutz).
Le régime hydrique est un élément essentiel à considérer dans la restauration des forêts suisses, a abondé Clémence Dirac Ramohavelo, cheffe de section Services ecosystémiques forestiers et sylviculture à l’OFEV. Cela passe notamment par des mesures de suppression du drainage dans les forêts asséchées.
Dans la Stratégie Biodiversité Suisse
Une augmentation du nombre et de la surface des forêts humides est à prévoir dans les prochaines années, a indiqué Karen Bussmann-Charran. La préservation et la restauration des forêts humides font partie de la Stratégie Biodiversité Suisse, a-t-elle noté. Il s’agit en outre d’un domaine d’action important de la convention-programme 2025-2028 pour les forêts entre la Confédération et les Cantons, qui sont en charge de la mise en oeuvre.
Les préoccupations des propriétaires forestiers doivent être prises en compte, ont souligné les participants aux discussions. Il ne s’agit pas de procéder de manière irréfléchie et aléatoire, mais de restaurer des milieux naturels précieux et intéressants là où ils se trouvaient à l’origine. Il faut aussi penser aux conflits potentiels (captages d’eau potable, objectifs divergents entre les milieux naturels et les espèces, etc.). Le dialogue et la sensibilisation du public sont essentiels pour accompagner ces restaurations cruciales pour la biodiversité et le climat. Outre les forêts humides, qui constituent surtout une solution dans les régions de basse altitude, les échanges ont également porté sur la restauration en zones montagneuses. Des approches prometteuses de régénération et entretien ont été explorées, de même que des mesures spécifiques à mettre en place pour promouvoir la biodiversité, comme le rajeunissement naturel et la diversification des essences d’arbres.
Contact:
- Sarah Pearson Perret, présidente du Comité suisse de l’UICN,
@email , Tel. 079 688 72 24 - Sophie Stroheker, ressort Recherche, Société forestière suisse,
@email
À propos du Comité suisse de l’UICN
Le Comité suisse de l’UICN regroupe les membres suisses de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il oeuvre à renforcer la coopération entre institutions, ONG et autorités pour la protection et la restauration de la nature. L’UICN, réseau environnemental le plus vaste et le plus diversifié au monde, rassemble plus de 1400 organisations membres issues des gouvernements et de la société civile à travers le globe. Son siège mondial est à Gland (VD), en Suisse.
À propos de la Société forestière suisse
La Société forestière suisse (SFS) s’engage depuis sa fondation en 1843 pour la sauvegarde de la forêt et de ses multiples prestations afin que les générations futures puissent également en bénéficier. L’accent est mis sur une gestion durable et proche de la nature. La SFS compte quelque 800 membres dans toutes les régions du pays et constitue ainsi un réseau national de spécialistes forestiers. Toute personne intéressée par la forêt peut devenir membre de la SFS.